Libre dites-vous ?
Comme elle est belle, la liberté des médias français !
En septembre 2017, SUD RADIO recrutait Henri Guaino comme éditorialiste chargé d’animer une émission quotidienne intitulée, lisez-bien, « libre comme Guaino ».
Vous connaissez la suite : le 25 mars Henri Guaino, invité sur le plateau de BFMTV, s’était insurgé contre les conditions de la garde à vue puis de la mise en examen de Nicolas Sarkozy, n’hésitant pas à regretter un « spectacle judiciaire désolant ».
Immédiatement Didier Maïsto, patron de cette station, décidait de virer, peut-être devrais-je écrire de « libérer » Henri Guaino.
Didier Maïsto alléguait avoir « pris l’engagement auprès du CSA - pour ne pas tromper les auditeurs - que Monsieur Guaino abandonnerait la politique partisane » et ajoutait « Pourquoi je l’ai viré ? Il avait pris l’engagement d’être éditorialiste. Quel ne fut pas notre surprise de le voir sur une chaîne concurrente, le dimanche à 13 heures, seul invité politique dans une émission politique sans contradicteur. On ne peut pas être éditorialiste la semaine et homme politique le week-end ». Et enfin pensant sans doute porter une estocade fatale assénait « Je crois que c’est un océan d’insignifiance et de malhonnêteté ».
Passons sur cette dernière salve qui ne salit que son auteur. Chacun le sait bien : qui veut noyer son chien l’accuse d’avoir la rage. Et d’ailleurs, on se demande bien pourquoi le même Didier Maïsto l’avait recruté quelques mois plus tôt.
En premier lieu, sur la forme, n’ayant pas signé d’accord d’exclusivité Henri Guaino était tout à fait libre de s’exprimer sur une autre chaîne.
Venons-en au fond. La position de M. Guaino concernant l’affaire Sarkozy est-elle justifiée ? On peut certes la critiquer. Relève-t-elle pour autant de « politique partisane » ? Le doute est permis. Non seulement Henri Guaino n’est plus membre du parti « Les Républicains », mais rappelons qu’il a tenté de se présenter aux primaires contre Nicolas Sarkozy. L’accusation ne tient pas. A moins qu’on ne qualifie de politique partisane le fait de suspecter certains juges d’être eux-mêmes partisans ? A moins qu’on ne qualifie de politique partisane le fait de souhaiter protéger la fonction présidentielle. A moins qu’on ne qualifie de politique partisane le fait d’exprimer un quelconque point de vue ? Mais dans ce cas, de quoi M. Guaino peut-il bien encore parler ? Quelle opinion peut-il encore exprimer ? Dans quel format ? Sur quelle antenne ? Et pourquoi recruter un ancien politique comme éditorialiste politique s’il ne peut pas parler de politique ?
L’hypocrisie de la justification de Didier Maïsto ne trompe personne, et il nous prend pour des imbéciles. On l’a compris, ce dernier se fait une idée très restrictive de la liberté d’expression. On ne connaîtra peut-être jamais le vrai motif du licenciement de M. Guaino. Peur de déplaire à FIDUCIAL, l’actionnaire principal de SUD RADIO ? Forte inimitié de Monsieur Maïsto envers Sarkozy (ce qu’on murmure parfois en raison d’une sombre attribution de fréquence non obtenue par le passée) ? Crainte d’un éditorialiste incontrôlable ? Je l’ignore.
En revanche, je sais que si j’entends le mot « liberté » sur SUD RADIO, je serai suspicieux, comme hélas nous le sommes devenus envers toute la presse dite « main stream ».
Vivement le printemps.
A bon auditeur, salut !
Eric RAOUL-DUVAL
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