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Au sud, du nouveau...


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Chronique de Dominique Jamet...

On dit communément que l’Italie est le laboratoire où s’élabore, dans un aimable désordre créatif, la politique de demain. C’est en tout cas une expérience d’un genre inédit qui vient de débuter de l’autre côté des Alpes.

Certes, il y a maintenant près de deux ans, le vote d’une majorité d’électeurs britanniques en faveur du Brexit avait fait l’effet d’un coup de tonnerre. La bureaucratie parasitaire qui a fait son trou dans le fromage bruxellois et d’une manière plus générale les tenants et les profiteurs de la supranationalité et du fédéralisme, pris de panique, avaient vu dans ce désaveu spectaculaire les prémices de la fragilisation, voire de l’effondrement de l’ambitieuse construction où les uns et les autres, au fil des ans, ont pris leurs aises. Ils se sont depuis rassurés en constatant que les dirigeants du Royaume-Uni, plutôt embarrassés par le cadeau inattendu qui leur était tombé dessus, ne savaient trop que faire de l’indépendance qui leur avait été rendue sans qu’ils en fussent partisans ni qu’ils s’y fussent préparés.

Certes, une majorité d’électeurs irlandais, néerlandais et français avaient en plusieurs occasions exprimé leur défiance envers l’Union européenne et leur refus des nouvelles « avancées » mijotées dans le secret des coulisses et des cuisines eurocratiques mais d’habiles prestidigitateurs, au prix du plus cynique déni de la démocratie, avaient inventé et déployé les ingénieux tours de passe-passe qui leur avaient permis, en ignorant et en bafouant la volonté des citoyens, d’enchaîner de plus en plus étroitement des peuples autrefois souverains à un processus qu’ils désapprouvaient et de déclarer irréversible la marche du char triomphal sur lequel paradent en compagnie de M. Jean-Claude Juncker quelque autres figurants du même acabit, évidemment et également voués au miséricordieux oubli de la postérité.

A son tour, le corps électoral italien, il y a deux mois, en même temps qu’il balayait les grands et vieux partis de gouvernement qui, comme chez nous, alternaient au pouvoir depuis des décennies, exprimait clairement et massivement, avec son aspiration à un changement radical, le souhait de reprendre sa liberté aliénée et de retrouver la maîtrise de son destin. La déroute des pâles héritiers de la droite et de la gauche classiques n’était pas seulement la sanction de leur corruption, de leur incompétence et de leur échec. L’un des trois grands pays fondateurs, dans les années 1950, de la Communauté européenne où les générations de l’immédiate après-guerre avaient mis tant d’espoirs et tant d’illusions, exprimait sa volonté de rupture et prenait ses distances avec ce palais des mirages sont retenus par quelque maléfice, comme dans les contes, vingt-sept peuples prisonniers des traités et des contraintes négociés en leur nom et sans leur accord par les apprentis-sorciers qui croyaient et travaillaient à la fin des nations.

Economiquement fragile, démographiquement exsangue, culturellement menacée, l’Italie, bien malgré elle, a pu ces dernières années prendre la mesure des impostures et des mensonges sur lesquels repose l’Union européenne. Elle a pu constater que l’Union, dont on nous répète à satiété qu’elle est protectrice de la paix, de la prospérité et de l’entente entre ses membres, ne l’a protégée ni contre l’immigration de masse, ni contre le chômage de masse, ni contre la libre concurrence de partenaires déloyaux, ni contre le dumping social, ni contre le dumping fiscal, ni contre les délocalisations, ni contre la montée des inégalités et la baisse du niveau de vie ni contre les superpuissances politiques et financières qui étendent leur ombre et leur influence sur le monde.

Le vote italien était lié aux mêmes causes et s’est traduit dans un premier temps par des conséquences analogues à celles que nous avons connues en France il y a un an : effondrement ou disparition des vieux partis, renouvellement du personnel et du paysage politiques. Mais tandis que chez nous la déroute du « système », la défaite de l’ancien monde ont abouti à la victoire de l’enfant chéri du même « système », à la poursuite et à l’aggravation, avec des mots, sous des noms et des oripeaux nouveaux, de l’ancienne politique, l’Italie vient d’aller au bout de sa logique.
Au pays du Guépard et de l’immortelle maxime du prince de Salinas – « il faut que tout change pour que rien ne change » - les éternels tenants de l’immobilisme se rassuraient en pensant que du « dégagisme » vainqueur ne se dégagerait aucune majorité, tant paraissait rédhibitoire et même infranchissable la distance qui séparait les « farfelus » du Mouvement Cinq étoiles et les « extrémistes » de la Ligue. L’impossibilité d’une majorité nouvelle entraînerait de nouvelles élections, elles-mêmes génératrices de bons vieux compromis et de bonnes vieilles combinaisons à l’ancienne.

L’entente réputée impossible entre deux blocs qui, séparés, demeuraient minoritaires, mais qui, unis, sont représentatifs de la majorité des Italiens, apporte le plus cinglant des démentis aux pronostics et aux analyses des professionnels du commentaire politique. Il est vrai que le pacte difficilement conclu entre M. di Maio et M. Salvini n’est pas moins surprenant – ni plus absurde – que le serait un rapprochement au nom de l’intérêt national entre M. Mélenchon et Mme Le Pen. Exauçant les souhaits de ceux qui, venus de la gauche, de la droite ou d’ailleurs, leur ont donné leurs voix, les dirigeants de la Ligue et des Cinque Stelle ont en tout cas fait passer leur divergences au second plan pour s’accorder sur un projet véritablement révolutionnaire.

Les deux mouvements, hier adversaires ou au moins rivaux, sont désormais alliés. L’un comme l’autre ont su comprendre, capter et incarner les peurs, les angoisses, les colères, les aspirations du peuple. Seront-ils à la hauteur de leurs promesses et de leurs ambitions ? Le gouvernement dont vient de se doter l’Italie ne répond pas, c’est peu de le dire, aux normes aux dogmes et aux critères édictés par les technocrates et les oligarques qui nous gouvernent depuis tant d’années. Il lui faudra prouver qu’il n’est pas seulement l’agglomération intéressée de charlatans et de démagogues. « Souverainiste » et « populiste », il va cristalliser, il cristallise déjà l’hostilite des élites dont il sonne le glas eet qui n’ont pas plus l’intention de lui faciliter la tâche qu’il y a trois ans à M. Tsipras. Heureusement pour elle l’Italie est un morceau plus coriace que la Grèce. L’immixtion grossière de M. Bruno Le Maire dans les affaires intérieures du pays voisin donne une première idée des sentiments que nourrit la classe des installés à l’égard des nouveaux venus.

Il n’y aura pas beaucoup de bonnes fées autour du berceau de l’étonnante coalition qui vient d’éclore. Au moins sort-elle des sentiers battus de la vieille politique. L’expérience qui commence n’a pas de précédent ni d’équivalent sur le Vieux continent depuis la deuxième guerre mondiale. Au Sud, il y a du nouveau.

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