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19 MARS 1962 : JOUR DE DEFAITE


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Chronique de Dominique JAMET...

Fallait-il marquer, et de quelle manière, le soixantième anniversaire des accords (et surtout des désaccords) d’Evian, de ce cessez-le-feu hâtivement et difficilement négocié qui, censé clore l’affrontement meurtrier que l’on n’osait pas encore appeler « guerre », préluda en réalité à la période la plus sanglante et la plus dramatique du conflit et se traduisit par l’élimination d’un des deux peuples qui, depuis plus d’un siècle, se partageaient, sur des bases inégales, l’Algérie ?

Dans un pays, le nôtre, qui ne célèbre plus ses gloires passées et qui, par exemple, après maintes hésitations, a escamoté les commémorations de la Révolution et de l’Empire, mais où l’on se plaît de plus en plus, avec une délectation morose, à se pencher sur les épisodes les plus contestables et les heures les plus sombres de son histoire, tout était prêt pour la controverse qui, comme de coutume, allait opposer les tenants de la colonisation, de ses aspects positifs, de son bilan, les défenseurs de notre passé et ceux qui s’acharnent, au nom des idées reçues d’aujourd’hui, à critiquer, à dénigrer, à noircir les conceptions et les actions de nos ancêtres. Déjà, dans les coulisses de l’Elysée, les scribes attachés à la préparation des discours présidentiels et les communicants en charge des cérémonies officielles polissaient les phrases convenues qui feraient la plus large place à la repentance et les appels aussi rituels que vains à la réconciliation des mémoires. La lumière sinistre de l’incendie qui ravage notre vieux continent a éclipsé et rejeté dans l’ombre le souvenir des accords d’Evian, des accords déviés qui ont mis fin, en même temps qu’à la guerre d’Algérie, à cent trente ans de présence et de souveraineté françaises sur l’autre rive de la Méditerranée et c’est fort bien ainsi.
Par quelque bout qu’on le prenne prenne, en effet, l’arrachement, dans la douleur, de l’Algérie à la France, reflète et constitue un drame politique, humain, culturel, civilisationnel, affectif, le naufrage d’un rêve, d’une réalité, d’un espoir. Le 19 mars 1962, s’il met fin aux combats, ne désarme pas les hostilités. Un jour de défaite n’est pas un jour de fête. Les séparations, les divorces, les avortements, ne sont pas d’heureux événements. La fin de la guerre d’Algérie, c’est aussi, c’est d’abord pour nous la fin de l’Algérie française, et s’il est compréhensible que d’autres, ailleurs, fêtent la naissance d’une nation et la transformation d’un échec militaire en victoire historique, il ne le serait pas moins que chez nous l’on pleure ce qui a été et surtout ce qui aurait pu être.

L’échec était pourtant inscrit dans les données du problème. En 1954, lorsque débutèrent les « événements », sur une population globale de dix millions d’habitants, il n’y avait pas en Algérie cinq mille couples « mixtes », européens et africains, colonisateurs et colonisés. L’apartheid de fait, voire de droit, que la métropole lointaine, indifférente, aveugle, avait laissé s’installer ou se perpétuer sur le sol algérien, portait en germe l’affrontement des deux communautés qui, après avoir vécu côte à côte sans se mélanger, devaient se retrouver face à face, les armes à la main.

Par trois, voire quatre fois, dès 1870, de nouveau en 1914, derechef en 1939 et en 1945, des Africains et notamment des Algériens, après avoir généreusement leur sang au service et au secours de la mère-patrie., sollicitèrent, de plus en plus impérieusement, la prise en compte et la rémunération de leur sacrifice. Ils ne furent pas écoutés, ils ne furent pas entendus. Et pas plus les leaders nationalistes, arabes ou kabyles, tels Ferhat Abbas, futur chef du gouvernement de la République algérienne (GPRA) qui, n’ayant pas trouvé sa patrie dans les cimetières, la chercha aussi vainement dans nos écoles et sur les bancs de nos Assemblées. Lorsque le général de Gaulle, en 1958, lança aux pieds-noirs son fallacieux « Je vous ai compris », lorsqu’il déclara solennellement qu’en Algérie « il n’y a plus que des Français à part entière », il était bien tard. Trop tard.

Que d’occasions manquées, quel aveuglement, quel gâchis ! La population d’origine européenne, ce ferment, ce levain, a disparu de l’Algérie nouvelle. Ceux des Algériens qui croyaient encore que l’avenir était français n’ont échappé au massacre que pour connaître l’exil. Les autres –l’immense majorité en 1962 - croyaient qu’ils allaient vivre libres dans un pays indépendant. Leur pays est en effet indépendant, mais ils n’y sont pas libres. Au fond, des deux côtés de la Méditerranée, le 19 mars 1962, avec le recul que lui donne le temps écoulé, ne pourrait-il pas être commémoré comme un jour d’illusion, de mensonge et de deuil ?


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