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Secrets d’Etat, tas de secrets


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Chronique de Dominique Jamet.

Le déclassement, conforme à une loi votée par le Congrès américain en 1992, des derniers documents restés secrets dans le dossier tentaculaire des multiples enquêtes consécutives à l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy allait-il enfin faire toute la lumière sur le crime sinon le plus mystérieux, du moins le plus commenté de l’histoire contemporaine ? Allait-il conforter, voire confirmer l’un ou l’autre des fantasmes, l’une ou l’autre des théories complotistes développés et entretenus par les spécialistes, experts, historiens et journalistes, autour de cette affaire d’Etat ou au moins, à défaut de déboucher sur une vérité indiscutable et indiscutée, faire le point sur toutes les pistes explorées puis abandonnées et infirmer, voire pulvériser les ingénieuses hypothèses et les séduisantes élucubrations qui depuis cinquante-quatre ans, en enrichissant leurs auteurs, ont nourri et entretenu la curiosité et le malaise d’un innombrable public ?

Il n’en sera rien, on le sait. Cédant à la demande insistante des deux puissants groupes de pression que sont le F.B.I. et la C.I.A, le président Trump a accepté de différer la publication, jugée inopportune par ces deux agences fédérales, de quelques milliers de pages qui restent donc provisoirement enfouies dans les archives fédérale. Est-ce à dire que ces pages brûlantes recéleraient et apporteraient la preuve de l’implication et de la culpabilité, au choix, du vice-président Johnson, de la Mafia, de Fidel Castro, de Nikita Krouchtchev ou de quelque organisation secrète, de celles qui ont fait la fortune de M. Dan Brown et les délices de ses lecteurs ? Plus simplement et plus prosaïquement, la censure à laquelle s’est plié l’actuel chef de l’Etat dessine en creux une faute probable des services de police et de renseignement qui étaient chargés d’assurer la protection de son lointain prédécesseur. A un demi-siècle de distance, il ne s’agit plus de préserver tel ou tel agent, telle ou telle méthode de travail, tel ou tel réseau. En revanche, il se pourrait bien que la divulgation des pages litigieuses révèle une faute grave, incompétence, carence, au pire complicité passive, des responsables chargés de suivre et de neutraliser Lee Harvey Oswald et ses complices éventuels.

Voilà, n’est-ce pas, qui brouille une fois de plus l’image des Etats-Unis. La France, hélas, serait bien mal venue, en matière de transparence et de vertu, à faire la leçon à la grande démocratie d’outre-Atlantique. En voici justement deux exemples.
Pour tous ceux qui, depuis trente-huit ans, s’intéressent à l’affaire Boulin, pour les quelques centaines de milliers de téléspectateurs qui, jeudi dernier, ont suivi sur France 2 le documentaire accablant réalisé par Benoît Collombat, il ne fait aucun doute que non seulement la mort du ministre du Travail de M. Giscard d’Estaing, le 29 octobre 1979, n’a rien de naturel, mais qu’il s’agit d’un assassinat grossièrement maquillé en suicide par ses auteurs et couvert par des individus exerçant les plus hautes fonctions dans la police, la magistrature et la politique. De ce crime d’Etat, on connaît à peu près tout : le mobile, le déroulement, les commanditaires et les exécutants. Certains, peu, sont encore vivants. Faudra-t-il encore attendre quelques années, que les derniers témoins, que les derniers complices, commanditaires ou bénéficiaires, aient disparu à leur tour pour que la justice retire le bandeau qui lui ferme les yeux et décide de poursuivre, si haut placés qu’ils aient été, ceux qui lui sont depuis des décennies dénoncés par la famille de Robert Boulin et par des enquêteurs courageux, et les traduise devant un autre tribunal que celui de l’histoire.
Autre affaire, à première vue moins scandaleuse. A première vue. Il y a huit jours, Mediapart, L’Express et Libération, faisant état d’un rapport de police bouclé au début de septembre dernier, rapportent que M. Claude Guéant, entre 2003 et 2012, soit sur une durée de neuf ans, n’a retiré de son compte courant bancaire que la somme de 800 euros ( huit cents). Durant cette même période, il apparaît que l’ancien ministre de l’Intérieur de M. Sarkozy, à l’instar de certaines personnes fichées au grand banditisme, réglait toutes ses dépenses, y compris par exemple l’achat de son appartement, en liquide.

Un grand silence, un silence gêné et général, a suivi ces accusations. Or, de deux choses l’une. Ou bien les trois médias en question affabulent et M. Guéant, soucieux de laver ce qui lui reste d’honneur, dépose immédiatement une plainte, explique comment il a pu vivre neuf ans sur le petit pied de six euros par mois, le Parquet, saisi par M. Guéant, ouvre une enquête et condamne lourdement les organes de presse pour diffamation et diffusion de fausses nouvelles. Ou bien les faits évoqués sont avérés, un juge d’instruction doit être désigné et demander des comptes à l’heureux collectionneur et vendeur de tableaux hollandais qu’est M. Guéant.
Car l’affaire est sérieuse, et même grave. Il ne s’agit plus ici d’indélicatesse comme lorsque l’ancien directeur général de la Police nationale puisait sans vergogne dans l’enveloppe réservée aux primes de ses subordonnés. Il ne s’agit plus de curieuses combines comme lorsqu’il vendait à un amateur de Singapour, pour dix fois leur valeur, - en échange de quels services ? – des toiles de petits maîtres. D’où venait l’argent qui a permis à M. Guéant de vivre et de prospérer sans toucher à son compte en banque ? D’un ami fortuné ? Du milieu ? D’une multinationale ? D’une puissance étrangère ? L’intéressé (c’est bien le mot qui convient en l’espèce) a-t-il au passage prélevé quelque commission sur les généreuses subventions d’un Etat ? De la Libye par exemple et dans cette hypothèse, on sortirait du domaine privé pour déboucher très directement sur le dossier du financement des campagnes de M. Sarkozy par le colonel Kadhafi, tout-puissant en 2003, assassiné en 2011.
Ce ne sont là que des questions. Mais on aimerait avoir les réponses. La vérité, nous dit-on, sort toute nue du puits où on l’a jetée. Quand elle y séjourne trop longtemps, elle n’est pas forcément belle à voir.

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