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LE DROIT A DISPOSER DES PEUPLES


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Chronique de Dominique Jamet...

Aujourd’hui, 3 décembre, et de nouveau dimanche prochain en Corse, en Catalogne dès le 21 décembre, et à l’automne 2018 en Nouvelle-Calédonie, sont organisées des élections dont le résultat sera déterminant pour l’avenir de ces trois territoires, de ceux qui y demeurent, de l’Espagne et de la France. En effet, quelles que puissent être leur dénomination et leur finalité officielle – ici désignation d’une collectivité unique substituée à deux départements, là simples législatives et dans le troisième cas referendum institutionnel – nul ne saurait en ignorer l’enjeu réel, et capital. Il s’agit tout simplement de savoir si se dégagera lors de ces trois consultations une majorité d’électeurs résolus à maintenir, à distendre ou à couper froidement les amarres qui les relient au pays et à l’Etat dont ils sont citoyens ou ressortissants les uns depuis 1769, les autres depuis 1714, les derniers depuis 1853. C’est, on le sait, en vertu du droit universellement reconnu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes que les nationalistes corses, que les sécessionnistes catalans et que les indépendantistes kanaks entendent bien faire de ces scrutins qui une étape décisive, qui l’aboutissement de leur marche légitime et inéluctable vers l’émancipation.

On ne traitera pas ici des similitudes, profondes, et des différences, très nettes, entre les trois situations. Dans le cadre de cette chronique, dont la longueur, paraît-il, excède parfois les capacités d’attention et de concentration de ses lecteurs – nous vivons le temps du « quick » - je me limiterai au problème corse.

Comment ne pas comprendre et ne pas respecter l’attachement des Corses de souche à leur histoire, à leur culture, à leur langue, à leur identité, à leur particularisme, et cette nostalgie où s’enracinent le désir de rester eux-mêmes, la peur de disparaître et la volonté de faire revivre un passé quelque peu mythifié ? Mais comment les « natios » peuvent-ils envisager, comment les habitants de la Corse pourraient-ils concevoir, et comment admettre que soient progressivement rayés de leur esprit, de leur mémoire, de leur présent et de leur avenir les liens solides, les liens indéfectibles que l’histoire, la culture, la langue, la guerre et la paix ont tissés entre l’île de Beauté et la métropole ? Comment oublier, comment faire oublier que depuis deux siècles et demi France et Corse sont unies au sein d’une même communauté de corps, de cœur et de destin ? Une communauté au sein de laquelle les Corses ont vécu, qu’ils ont aimée, qu’ils ont servie, qu’ils ont honorée, et pour laquelle tant d’entre eux sont morts. Si un peuple, c’est une langue, parle-t-on davantage sur l’île le corse ou le français, si un peuple c’est un drapeau, les Corses, dans leur immense majorité, ne partagent-il pas le même respect pour le tricolore et pour l’emblème à tête de Maure, si un peuple c’est un hymne, les têtes, sous le soleil d’Ajaccio, ne se découvrent-elles pas aussi bien pour la Marseillaise que pour le Vi salve Regina.

La France n’a pas été pour la Corse une mère blafarde. Maladroite, parfois trop lointaine et moqueuse. Elle a commis des fautes. Elle a fait preuve d’incurie. Elle n’a su développer ni l’économie ni la démocratie locale. Elle a laissé s’instaurer et se maintenir le règne des clans familiaux, la corruption, la criminalité, le terrorisme, l’incivisme. Mais elle a été la terre d’accueil et l’employeur du million de Corses de la diaspora insulaire. Mais elle maintient sous perfusion depuis des décennies pour ne pas dire davantage l’un des départements les plus pauvres de France, par les subventions, les privilèges fiscaux, les retraites. Mais elle a fait une entorse de taille à son jacobinisme traditionnel, à son centralisme invétéré, en accordant aux entités représentatives de la Corse des moyens et des prérogatives que peuvent leur envier les autres régions françaises. Et c’est, comme en Catalogne, au moment même où les Corses ont reçu la plus large délégation de pouvoirs, que certains réclament avec le plus de force une émancipation qui est déjà largement un fait accompli.
Les nationalistes parlent d’un peuple corse. Laissons de côté la question insoluble de savoir à partir de quel niveau de population on peut parler d’un peuple. Mais le « peuple corse », en 2017, doit-il se réduire aux quelque cent trente mille Corses « autochtones » ou englober les cent quarante mille résidents corses venus d’ailleurs ? Rappelons que la coalition des nationalistes et des autonomistes qui a mis la main sur l’Assemblée territoriale lors des dernières élections, et compte bien l’emporter plus largement encore cette fois, n’a dû sa victoire qu’au discrédit des anciens clans et à la division du camp adverse, et qu’elle n’avait réuni que 26% des suffrages. A supposer même que sa gestion relativement sage et ses propos prudents l’aient fait progresser, elle reste minoritaire sur l’île. Les 90% de votes positifs lors du referendum organisé au Kurdistan traduisent à l’évidence la réalité et les revendications d’un peuple à qui de puissants intérêts géopolitiques barrent seuls la route de l’indépendance. Mais quelle crédibilité –autre analogie avec la Catalogne - aurait un peuple qui prétendrait se constituer en nation sans l’accord ou contre la volonté de plus de 50% de sa population ?

L’Espagne serait affaiblie par la sécession de la Catalogne. La Catalogne en serait-elle plus libre, plus démocratique ? La France serait diminuée et meurtrie par une rupture avec la Corse. La Corse en serait-elle mieux gouvernée, moins vulnérable à l’emprise des familles, des clans, du crime organisé que ni l’Italie ni même la France ne sont parvenues à éradiquer ? C’est une tumeur qui grossirait à notre flanc et ferait de la Corse une deuxième Sicile pour le plus grand bonheur des trafiquants et des mafias en tout genre. Tomber de Giaccobi et de Rocca-Serra en Lucky Luciano et Toto Riina, c’est ce qui pend au nez de la Corse dans l’hypothèse où celle-ci irait jusqu’au bout de l’utopie rétrograde qui la ramènerait deux cent cinquante ans en arrière.

La Catalogne, ces derniers mois, donne du corps au vieux rêve des nationalistes. L’hypothèse d’une dislocation de l’Espagne enchante leurs nuits. Dans tout dirigeant séparatiste, il y a un petit démon – un Puigdemont – qui ne dort que d’un œil. Etre président de Corse, nommer des ambassadeurs de Corse, faire élire un Parlement corse, constituer un gouvernement corse, quel pied, et que d’ambitions personnelles enfin comblées. Reconnaissons aux nationalistes le mérite d’avoir répudié la violence en troquant les armes pour les urnes. Mais M. Talamoni et M. Simeoni sont-ils au niveau de leur programme ? La Corse qu’ils imaginent se fracasserait au contact de la réalité.
Ne confondons pas le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le droit des rêveurs, des démagogues, des nostalgiques et des illuminés à disposer des peuples.

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