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Le piège


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Chronique de Dominique Jamet...

Invité de la BBC, lundi dernier, Emmanuel Macron s’y est exprimé en anglais. On ne tiendra pas rigueur au président de la République d’un choix parfaitement approprié, en l’occurrence. Il n’en était pas de même lorsque, trois jours plus tard, à Davos où il intervenait devant des chefs d’Etat, des PDG de multinationales, des financiers et des journalistes venus du monde entier, le représentant de la France crut devoir recourir derechef à la langue maternelle de Donald Trump, de Bill Gates, de Jeff Bezos, de Wall Street et de la City, comme si la langue de Molière devait désormais en toutes occasions s’effacer devant celle de Shakespeare, comme si elle n’était plus qu’un parler de seconde zone, un patois bon pour les campagnes électorales indigènes, un idiome réservé aux ultimes bouseux qui survivent au Puy-de-Dôme parmi les volcans éteints. Passons…
Et revenons à l’interview accordée le 22 janvier par M.Macron à la grande chaîne publique britannique. Au journaliste qui lui demandait comment les Français voteraient si d’aventure on leur posait la question à laquelle le corps électoral anglais a répondu en juin 2016 par le Brexit, le président répliqua que nos compatriotes se comporteraient « très probablement » de la même manière et que, le cas échéant, ils opteraient pour le « Frexit ». Ils réitéreraient donc leur « non » massif du 29 mai 2005, ce « non » plus qu’ignoré, bafoué par MM. Chirac, Sarkozy et Hollande, ces trois présidents issus du suffrage universel dont aucune argutie, aucun sophisme n’atténueront ni n’effaceront la trace du coup de poignard qu’ils ont porté à la démocratie, à la confiance des citoyens dans la démocratie, et la tache indélébile qui depuis treize ans salit leurs mains et délégitime leur action.
Quoi qu’il en soit, et sur quelques éléments qu’il ait fondé son diagnostic – enquêtes, sondages, analyse, intuition – M. Macron, tout comme ses prédécesseurs, est parfaitement conscient de l’ampleur du rejet que suscite en France comme ailleurs - hier dans le Royaume-Uni, demain sans doute en Italie - le nouveau monde, cette prison dorée où les puissants et les riches, les multinationales, les banques, les Bourses, le CAC 40, le MEDEF, les classes dirigeantes, les dominants de tous les pays, Chine, Etats-Unis, Union européenne, émirats, veulent nous enfermer pour notre bien et malgré nous. Il sait parfaitement, tout comme ses prédécesseurs, qu’une majorité de Français refusent l’édification d’une société de plus en plus injuste, de plus en plus dure, de plus en plus inégalitaire, placée sous le signe d’un libéralisme sans contrôle, sans frein et sans frontière. Il sait parfaitement, tout comme ses prédécesseurs, qu’aux yeux du plus grand nombre le temps des peuples n’est pas révolu, et que l’Etat-nation demeure la forme institutionnelle la plus à même de les protéger contre toutes les régressions qu’on nous fait miroiter sous le nom de réformes et toutes les perversions qu’on nous présente comme des progrès. C’est pourquoi, pas plus qu’aucun de ses prédécesseurs depuis 2005, il n’envisage de consulter les Français sur les choix fondamentaux qui déterminent leur avenir.
Le système a explosé. On ne le pleurera pas. Les vieux partis sont morts, et avec eux les clivages artificiels qu’ils perpétuaient en parfaite connivence. Finie la pseudo-alternance entre une droite blette et une gauche gangrenée. Finie la course fallacieuse d’un balancier trompeur entre un Parti socialiste acquis au libéralisme et une droite n’ayant plus pour vocation, sous des appellations sans cesse renouvelées, que de porter et de maintenir un clan au pouvoir. La vraie question, aujourd’hui, est celle de l’indépendance ou de la soumission, du retour de la souveraineté nationale ou de l’enfoncement dans la vassalité. Un referendum qui porterait sur le renforcement de l’Union européenne et l’instauration, sous l’autorité du condominium franco-allemand, d’un gouvernement supra-national du Vieux continent, verrait en effet se confondre et s’ajouter dans les urnes les suffrages, venus de tous les horizons politiques, de ce Front informel du refus qui, majoritaire dans le pays, se concrétiserait à cette occasion. C’est bien pourquoi cette occasion ne sera pas fournie au peuple français. C’est bien pourquoi elle ne sera pas, du vivant politique de M. Macron, directement posée aux Français par la voie démocratique du referendum.
On amusera certainement la galerie, une fois de plus, on entretiendra et on approfondira les différends et les querelles entre les différentes oppositions sur des problèmes sociétaux, passionnants et pourtant marginaux, tels que la PMA, la GPA, l’euthanasie, la toxicomanie, la réglementation de la vitesse des automobiles, que sais-je encore. On organisera peut-être dans les mois qui viennent une consultation sur la suppression de la Cour de justice de la République, le cumul des mandats dans le temps et la réduction du nombre des parlementaires. On se gardera bien d’aborder l’essentiel.
Les prochaines élections européennes seront, en mai 2019, la première occasion qu’auront les Français de s’exprimer depuis la dernière présidentielle. Quelle est dans cette perspective la stratégie adoptée par M. Macron, ses communicants et ses marcheurs ? De tout faire pour que ce scrutin à la proportionnelle nationale incite un maximum de partis, de groupes et de groupuscules à se présenter en ordre dispersé, à se confronter et s’affronter dans des débats stériles, à bien éparpiller leurs forces. Qu’il y ait une liste trotskiste, une liste de la France insoumise, une liste écologiste, une liste Générations, une liste socialiste, une liste des Patriotes, une liste des « Républicains », une liste Front national (sous ce nom ou un autre),et s’il se peut une liste des Indigènes de la République, une liste des Animaliers, une liste des Zèbres, etc. Et que, contrastant avec ce grouillement désordonné et le vouant aux ténèbres où se confondent les farfelus et les extrêmes, se dresse au nom du bon sens, du progrès, de la réforme et de l’union un grand groupe central, « de Juppé à Cohn-Bendit », pour reprendre les termes employés par M. Castaner. Etrange façon de commémorer « Mai 68 ».
Nous avons encore quinze mois devant nous pour ne pas tomber dans ce piège.

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