Les suites de la démission de François de Rugy
Les prochaines suites de la démission de Monsieur François de Rugy nous permettront de mieux discerner qui a eu vraiment intérêt à tenir la plume de Mediapart dans sa distillation des informations à son encontre.
Mais l’aspect intéressant de cette manœuvre interne aux sphères du pouvoir est, comme lors d’affaires précédentes, qu’elle utilise une lame de fond qui traverse la société française.
Dans sa comparaison sans pudeur de son propre sort avec celui de Pierre Bérégovoy, François de Rugy témoigne certes d’une utilisation éhontée des symboles pour se poser en victime, commune à toute l’actuelle classe dirigeante. Mais elle n’est pas sans fondement, là où François de Rugy lui-même ne le voit sans doute pas.
Ce qui a contribué à pousser Pierre Bérégovoy à son geste atroce, c’est la révélation qu’au moment où il plaidait depuis 1984 pour le tournant de la rigueur de la gauche élue en 1981 sur un programme progressiste, il bénéficiait lui-même d’un généreux prêt sans intérêt d’un ami du Président pour acquérir un appartement. Illégal ? Aucunement. Accusation injuste ? Bien sûr. Mais il y a eu alors le sentiment d’une révélation au grand jour d’un double discours qui consiste à demander aux autres de faire ce qu’on leur dit, et pas ce que l’on fait soi-même.
Ainsi, Monsieur de Rugy, champion de la moralisation des dépenses des parlementaires n’a pas su apprécier l’utilisation précautionneuse des fonds publics et la séparation de la vie privée et de la vie publique qui sont la préoccupation évidente pour tout élu conscient de ses responsabilités.
La même mésaventure est arrivée il y deux ans à François Fillon, entré en campagne sur le thème de la réduction des remboursements de l’Assurance-maladie et de la lutte contre l’ “assistanat”, et qui rémunérait dans le même temps son épouse sur ses fonds parlementaires pour un travail effectif mal défini. Illégal ? Probablement pas, et juridiquement le dossier ne contient pas grand-chose, sinon rien. Mais là encore, le grand écart est politiquement insoutenable.
Ce que les françaises et les français ne supportent en effet plus , c’est le discours d’une part de la classe dirigeante qui n’ a pour leitmotiv que la réduction des dépenses publiques , la réduction de la protection sociale qui “coûte un pognon de dingue” , l’abaissement du cout du travail , c’est à dire du salaire réel par l’ouverture à la concurrence inégale des produits à bas-coûts , qui n’ a de cesse que de vouloir privatiser le domaine public pour diminuer le serpent de mer de la dette, et qui mène elle-même un train de vie de parvenus, et pour tout dire de parasites.
En s’appuyant sur ce sentiment de fond, les règlements de compte de ce petit monde jouent avec le feu.
Il peut en émerger, comme aujourd’hui sans doute, un profond et dangereux rejet de la démocratie assimilée au “tous pourris”. Il peut aussi en résulter un sursaut national qui rétablira une politique d’effort de tous au bénéfice de tous, menée par des dirigeants animés d’un esprit de service public et d’intérêt général.
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