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LA REPUBLIQUE REVIENT DE SUITE


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Chronique de Dominique JAMET...

Le projet de loi « Climat et résilience », texte de première importance, paraît-il, était la semaine dernière à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, dans l’indifférence générale. Parce que les Français ont la tête ailleurs, pour les raisons que chacun sait ? Sans doute, encore que le dérèglement climatique, en dépit de l’épidémie, figure toujours aux tout premiers rangs de nos sujets de préoccupation. Plus sûrement parce que nul, à commencer par les premiers intéressés, ne saurait ignorer que ce n’est pas, que ce n’est plus au Palais-Bourbon que se débattent et que se décident les grandes orientations qui déterminent notre vie, changent notre société et engagent notre avenir.

S’il doutait encore de cette réalité, Matthieu Orphelin en a eu, de la manière la plus éclatante, la preuve définitive. Très proche de Nicolas Hulot, qui fut, le temps d’une transition, ministre d’État, ministre de l’Écologie, spécialiste des questions d’environnement, M. Orphelin estimait avoir son mot à dire en la matière. Il y eut droit, en effet. Vice-président de l’Assemblé et président de séance, M. Hugues Renson, député LREM, s’adressa à lui en ces termes : »M. Orphelin, vous souhaitiez intervenir. Vous avez la parole, pour dix secondes. »

Il faut préciser ici qu’élu en 2017, dans la foulée de l’élection présidentielle, sous les couleurs de la République en marche, Matthieu Orphelin a pris ses distances avec le groupe majoritaire et qu’il est aujourd’hui non-inscrit. Or, dans la nomenclature politique française, un député non-inscrit est un paria, aussi méprisé et aussi maltraité que les intouchables en Inde. En vertu du système de castes qui s’est progressivement mis en place sous la Ve République, un député non-inscrit est moins que rien, et un député d’opposition compte pour du beurre. En revanche, un député de la majorité n’est pas grand-chose. A chacun d’apprécier la différence.

L’institution du quinquennat, combinée avec les effets déformants du scrutin majoritaire, aggravée par la simultanéité de l’élection présidentielle et des législatives, a fait que les représentants du peuple ne représentent pas le pays et que la plupart d’entre eux mangent dans la main du chef de l’État auquel ils doivent tout, je veux dire leur fauteuil. Avant d’en être les victimes, les députés ont été au fil du temps les auteurs et les complices d’un affaiblissement de leur pouvoir et d’un avilissement de leur fonction, qu’ils étaient et sont toujours les maîtres de refuser.

L’inexpérience, le caractère et la pratique du président Macron n’ont fait qu’accentuer et pousser à l’extrême la dérive qu’il a héritée de ses prédécesseurs. Enivré de son irrésistible ascension, imbu de lui-même, confondant la légalité de sa victoire et une légitimité que lui contestait pourtant son score du premier tour, suscitant une détestation sans précédent, le jeune chef de l’État n’a eu de cesse d’humilier, de rabaisser, d’ignorer tous les contre-pouvoirs et tous les corps intermédiaires. Bien mieux, sous couleur de dialogue ouvert et de démocratie directe, il a préféré, plutôt que de laisser les élus nationaux, régionaux, départementaux et municipaux jouer leur rôle, faire participer à l’élaboration des lois des collectifs prétendument tirés au sort, dont au surplus il a superbement ignoré les avis qu’il avait sollicités. Il a relégué au rang de Chambre d’enregistrement l’Assemblée issue par surprise des urnes de 2017. L’état d’urgence sanitaire, comparé par lui-même à un état de guerre, lui a permis enfin de satisfaire sa libido dominandi et de prendre des décisions capitales préparées dans le secret, arrêtées dans la solitude et assenées depuis l’empyrée de l’Élysée. Dans une démocratie parlementaire, le débat précède la décision. Dans le régime autoritaire, déconnecté de la réalité, sous lequel nous vivons depuis plus d’un an, un seul homme décide, après quoi les deux Assemblées sont libres de débattre,mais contraintes d’entériner.

Il est clair qu’Emmanuel Macron a longuement hésité avant de maintenir, à une semaine près, la date des élections régionales et départementales. La tentation de remettre à l’an prochain, après la présidentielle, ces deux consultations, plus que probablement désastreuses pour son parti, était grande. Le président a bien fait de renoncer à un report qui aurait fait scandale, et qu’il n’aurait pu imposer sans le vote d’une loi pour lequel il n’était pas assuré, pour une fois, d’obtenir l’assentiment de ses propres troupes. Dès lors, à tant que faire de choisir entre une dégelée en juin et une déculottée en octobre, autant valait de fixer la date la plus éloignée de l’épreuve décisive d’avril-mai 2022 en pariant sur la fin de la pandémie à cette date. C’est vraisemblablement à des considérations personnelles et politiciennes que nous devrons ce moment de respiration démocratique qui, en dépit des circonstances exceptionnelles et du danger d’une abstention massive, donnera des indications précieuses sur l’état de l’opinion publique et les chances respectives des candidats à l’élection présidentielle et des candidats à la candidature.

Il y a encore quelques années, qui pénétrait dans le hall d’un immeuble haussmannien, dans les quartiers bourgeois de Paris – à l’époque, leur entrée n’était pas encore subordonnée à un code – avait toutes les chances de tomber, accroché à la rampe de l’escalier ou visible derrière vitre de la loge du gardien, sur le traditionnel écriteau : « La concierge revient de suite », affirmation qui ne constituait pas forcément une garantie. Depuis le début du mandat de M. Macron, un panneau installé à la porte de Marianne nous assure : « La République revient de suite. » Les Français commencent à trouver le temps long.


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