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AMICA AMERICA


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Chronique de Dominique JAMET...

Dûment signé, paraphé, enregistré, et annoncé à son de trompes, c’était le « contrat du siècle » – un de plus. La commande de douze sous-marins d’attaque, passée en 2016 par l’Australie à la France, démontrait l’habileté et la ténacité de nos négociateurs, l’excellence de notre technologie, notre poids dans le monde, et jusque dans les plus lointains antipodes. Au passage, nous avions pour une fois damé le pion aux Etats-Unis dans un domaine, celui de l’armement, où la grande démocratie d’outre-Atlantique, notre amie, notre alliée, entend bien régner sans partage et n’hésite pas à employer tous les moyens permis, et même les autres, pour évincer la concurrence. Champagne !

La bulle qui vient d’éclater a dissipé le beau rêve. Il n’en reste plus qu’un dossier contentieux où les uns mettront en avant la violation de toutes les règles du commerce, la dissimulation, la déloyauté, la trahison de la foi jurée, tandis que les autres plaideront le retard pris par le chantier, les surcoûts d’un marché passé de 32 à - 56 milliards, la supériorité de la propulsion nucléaire sur nos bons vieux diesels et l’intérêt bien compris du pays des kangourous. A l’issue d’un procès interminable, la France bénéficiera sans doute d’une indemnisation dérisoire. Autant dire qu’il ne lui reste que ses yeux pour pleurer, d’autant que l’Amérique de Joe Biden et de ses successeurs, dans un contexte de guerre de plus en plus tiède et de course aux armements, fera de son mieux pour rééditer le succès qu’elle vient de remporter.
Au moins n’aurions-nous pas tout perdu si les dirigeants français d’aujourd’hui ou plutôt de demain tiraient enfin, une fois pour toutes, la leçon ou plutôt les leçons d’un épisode marqué par une naïveté, voire une candeur qui semble devenue la seconde nature de notre politique étrangère.

C’est bien beau, dans un rare sursaut de dignité, de réagir, la réaction dût-elle demeurer purement verbale, à la défaite et à l’humiliation que nous venons de subir. Mais quoi, les trois larrons qui nous ont ridiculisés n’auront fait que de jouer sans scrupule, chacun pour ce qui le concerne, la seule carte de l’intérêt national : « America first ! », Australia über alles ! », « Global Britain ! » Faut-il s’étonner que le président américain, au lendemain de la pitoyable débâcle afghane, ait tenu à rappeler d’abord au grand rival, à l’adversaire chinois, mais aussi à ses concitoyens et à ses alliés, que son pays se veut toujours la première puissance du monde, en annonçant simultanément la volte-face australienne et la conclusion d’une nouvelle Grande Alliance qui relègue au placard l’évanescente OTA N ? Faut-il s’étonner que le Premier ministre australien ait préféré à la fragile ombrelle française le solide parapluie massif que lui tendait l’oncle Sam ? Faut-il s’étonner que Boris Johnson, après avoir rompu les amarres qui rattachaient son pays au Vieux Continent, ait saisi la première occasion de prendre « le grand large », comme disait Churchill ?
Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian semblent découvrir, effarés, que les Etats, fussent-ils les Etats-Unis d’Amérique, sont des monstres froids

Sommes-nous prêts à mourir demain, sur demande pour Taïwan ou Canberra ? Les Américains sont-ils toujours décidés à mourir s’il le fallait pour Berlin, Rome ou Paris ? Rien n’est moins sûr.

Il se trouve que le général de Gaulle a bâti et nous a légué les moyens qui, sans faire de la France une puissance comparable à la Chine ou aux Etats-Unis, la protègent contre toute attaque et garantissent son indépendance. Cela, qui s’appelle la dissuasion, a fonctionné et nous dispense de jouer dans quelque alliance que ce soit le rôle d’un subordonné, d’un laquais ou d’un fantoche. En Irak ou en Afghanistan, les Etats-Unis ont pu constater qu’ils ne pouvaient compter sur nous et s’en sont irrités. Malgré de vagues excuses et de peu convaincantes protestations d’amitié, l’affaire des sous-marins nous rappelle à point nommé que nous aussi, faute de compter sur eux, nous ne devons compter que sur nous-mêmes, qu’on peut être alliés sans être amis, et que dans la diplomatie, aujourd’hui comme hier, il y a plus de place pour le faux semblant, le secret et le mensonge que pour le sentiment. Les relations internationales ne sont jamais, plus ou moins habilement déguisés, que des rapports de force.


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