JUILLET 2024 : L’AGGRAVATION EN SPIRALE DE LA CRISE POLITIQUE, UN SYSTEME A BOUT DE SOUFFLE
L’élection législative voulue par le président comme outil de « clarification » par l’organisation du chaos a surtout produit…le chaos.
Depuis quarante ans, la gauche et la droite de gouvernement se sont comportés comme « deux détaillants qui se fournissent au même grossiste de l’Europe », selon la formule de Philippe Séguin.
Elles ont proposé l’ultra-libéralisme comme modèle économique et le fédéralisme européen comme horizon politique. Emmanuel Macron a su pour un temps faire illusion en faisant croire qu’il les renvoyait dos à dos. Sa politique en a été au contraire une véritable synthèse, presque chimiquement pure, emballée de postures théâtrales aussi trompeuses que changeantes et contradictoires.
La fin d’une manœuvre
A la suite de François Mitterrand qui mit le Front National pied à l’étrier par l’établissement pour un temps de la proportionnelle pour l’élection du Parlement, le système ultra-libéral, avec toutes ses conséquences destructrices, avait cru pouvoir anticiper les oppositions qu’il allait susciter en les endiguant.
L’opposition à l’ultra-libéralisme a ainsi été catégorisée, cantonnée, stigmatisée comme d’ « extrême-droite », qui eut été l’expression d’un vieux fond vichyste et colonial , sorte de péché français originel, et contre lequel on a mobilisé une rétro-culpabilité collective. On a ainsi utilisé l’une de ces « idées chrétiennes devenues folles » selon la formule de G.K. Chesterton.
Cette opération est arrivée à son terme, témoignant de ce que la logique ultra-libérale dominante depuis les années quatre-vingt est à bout de souffle. Toute l’actualité internationale nous l’indique par ailleurs.
Le pseudo-spectre du fascisme
Le FN, puis le RN, est un parti néo-fasciste ? Tous les autres partis, la grande majorité des médias, les représentants plus ou moins légitimes des autorités morales, universitaires, judiciaires, artistiques, sportives n’ont eu depuis les années quatre-vingt de cesse de le répéter, de le marteler.
Selon eux, les électrices et électeurs qui s’aventureraient à voter pour lui se mettraient d’eux-mêmes en dehors de la République.
Mais…
Lors de la réélection de Jacques Chirac avec 82% des voix lors du second tour de la présidentielle de 2002, sommet de réussite de cette politique, il y avait déjà eu 5 millions et demi d’électeurs qui s’étaient prononcés pour Jean-Marie Le Pen, lequel avait fait pourtant tout son possible pour correspondre au portrait diabolique qu’on attendait de lui.
Vingt ans plus tard, ce sont 13 millions d’électeurs qui ont voté au second tour de la présidentielle de 2022 pour Marine Le Pen, se plaçant délibérément à leur tour en dehors de « l’arc républicain »
Une nouvelle étape
Lors de ces élections européennes, puis des législatives, ce sont à nouveau plus de sept millions, puis dix millions d’électeurs qui ont réitéré.
Le RN a été placé cette fois en position de premier parti, comme expression non seulement d’un vote populaire, mais qui a gagné en influence dans toutes les couches sociales.
Ce vote n’est plus un simple vote de protestation, mais celui d’un refus structuré des conséquences de l’adhésion de la majorité des élites au système néo-libéral. Fait essentiel, cet électorat perçoit désormais ce système dans sa cohérence comme l’analyse bien Christophe Guilly dans son entretien à la revue Front Populaire, qui doit ces jours-ci regretter son appellation.
• Inégalité croissante entre classes sociales,
• Inégalité croissante entre régions, territoires, métropoles et « France périphérique »
• immigration de masse comme main-d’œuvre au rabais qu’on entasse dans les banlieues des métropoles dans des conditions criminogènes et génératrices d’un islamisme radical
• démission de l’autorité à tous les échelons,
• abandon de souveraineté nationale au profit de la fédéralisation de l’Union Européenne,
• nécrose sociale,
• effondrement de l’Education Nationale,
• montée exponentielle du narcotrafic, (symptôme par ailleurs de la « dépression nationale » au même titre que les consommations records d’anxiolytiques et d’antidépresseurs)
• contagion de la violence sans limite d’une jeunesse à l’abandon
Tous ces aspects du désastre français s’alimentent entre eux et font maintenant « système » dans l’esprit de nos concitoyens de plus en plus nombreux.
De la « clarification » à l’impasse
Le second tour des législatives a bien opéré une certaine clarification, mais ce n’est pas celle escomptée par le président de la République dont le parti apparaît comme le principal et grand perdant du scrutin.
Tous les autres partis excepté le RN et la fraction des « républicains » qui s’est allié avec lui se sont retrouvés pour détourner le scrutin majoritaire à deux tours de sa finalité.
Celui-ci dans son principe, vise à ce que le candidat ou la formation ne disposant que d’une majorité relative soit élu, dans le but d’éviter le retour à la paralysie institutionnelle de la IV ° république, car visant à permettre la constitution dans tous les cas d’une majorité à l’Assemblée nationale.
On a au contraire assisté au spectacle d’un arc en ciel de partis, groupes, sous-groupes, opposés sur des questions essentielles, mais appelant à voter les uns pour les autres (LFI et la gauche pour les macronistes, et vice-versa, sans oublier les républicains canal historique votant pour la gauche et même pour LFI) dans le seul but de « faire barrage » à une majorité relative ou absolue du RN qui était pourtant la logique du premier tour.
Aussitôt élus, ayant obtenu l’Assemblée ingouvernable qu’ils espéraient, ils offrent le spectacle tragi-comique de leur confusion, de leur impuissance, de leurs désaccords, de leur caractère médiocrement politicien.
Ils espèrent ainsi que la recette ancienne va continuer à fonctionner, en pensant viable de tenir à l’écart de toute discussion sur la formation du gouvernement les dix millions d’électeurs du parti arrivé en tête.
Chacun voit que l’impasse est totale. Au sommet, un président désormais discrédité et qui a perdu toute autorité d’arbitrage. Au Parlement, une coalition hétéroclite qui ne peut rien proposer au pays que la continuation de l’ultra-libéralisme, y compris son extrême-gauche qui en défend l’un de ses principes essentiels, la libre circulation internationale du travail, jusqu’à l’absurde… et l’islamisme.
Les limites et carences du rassemblement National
Il reste que le Rassemblement National n’a sans doute pas au deuxième tour bénéficié de toutes ses voix.
Bien que ce parti, contrairement à toutes les analyses dominantes, se soit transformé en devenant l’instrument d’un vote populaire dont les préoccupations sont à cent lieux du passé vichyste ou Algérie française, il comporte encore en son sein des héritiers du lepénisme « canal historique » qui à juste titre, révulsent les électrices et les électeurs.
Il a surtout montré, qu’en tant que parti populaire tenu à l’écart de toute responsabilité, ne pas posséder (encore ?) l’expérience et la compétence que les Français souhaitent pour leur gouvernement.
Que faire ? Remettre le souverainisme au centre
Quelle issue et que faire ? Convaincre, convaincre encore que sans un changement d’orientation global, le chaos politique et institutionnel ne peut que s’aggraver et se transposer en violence.
Après quarante ans de politique d’abandon national et de creusement accéléré de l’inégalité sociale, la barre doit être redressée. Restauration de l’autorité, protectionnisme intelligent économique, social et environnemental, réorientation de l’Europe par le consensus des nations, qui sont la seule véritable base de la démocratie.
S’agit-il de faire table rase ? Non, car une nation ne se pilote pas comme un scooter, mais comme un paquebot, c’est-à-dire sur un cap, mais en tenant compte de son histoire, de sa pesanteur, de sa diversité, bref en se basant, selon la formule célèbre, « sur les réalités ».
Les Françaises et les français veulent l’ordre, la justice, retrouver l’unité nationale. Ils ne veulent pas d’une nouvelle révolution. La violence, le chaos, la politique spectacle leur font horreur.
Le Général De Gaulle a dit, « ce n’est pas la gauche la France ». Plus exactement nous disons, ce n’est pas que la gauche. L’aspiration à la justice de la gauche, et au-delà de la gauche, nous la partageons. Mais non pas sous la forme d’une confiscation des richesses, mais par un système de production de richesse où tous les efforts doivent être récompensés.
Il a aussi dit, « ce n’est pas la droite la France ». Plus exactement nous disons ce n’est pas que la droite. La volonté de la droite, et au-delà de la droite, de voir l’autorité rétablie à tous les niveaux nous la partageons. Mais l’autorité se mine elle-même dès lors qu’elle renonce à réguler les excès de l’économie marchande.
Le « souverainisme » n’est donc pas un radicalisme. C’est un rassemblement des talents et des bonnes volontés au service du bien commun : la démocratie, la République, la France.
C’est bien ainsi aux forces démocratiques toutes entières qu’appartient la responsabilité de ce changement de cap, dans la conjonction du talent de tous et d’une aspiration populaire réaffirmée.
A la mesure de nos moyens, c’est bien ce pourquoi l’Unité Nationale Citoyenne va continuer à plaider.
François MORVAN
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