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DESAMORCER LA BOMBE "H" ?


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Chronique de Dominique Jamet...

L’enfant du conte d’Andersen qui s’écrie que le roi est nu ne fait que dire tout haut ce qui crevait les yeux de chacun, mais que la foule panurgique ne voulait pas voir. Mercredi prochain seront rendus publics les résultats d’un rapport établi à partir d’une enquête menée par une mission d’information parlementaire sur l’usage des stupéfiants (ouf…). Ils devraient, nous dit-on, faire du bruit. Ils ne feront pourtant qu’enfoncer la porte largement ouverte que seul un étrange aveuglement collectif amène à considérer comme toujours fermée.

La loi française, et très précisément une loi votée en 1970, interdit et réprime non seulement la production et la commercialisation, mais également la consommation du cannabis sous ses diverses formes. Or, cette loi, constatent les rapporteurs de la mission d’information, le député LR Robin Reda et le député LREM Eric Polliat, est quotidiennement bafouée, au vu et au su des pouvoirs publics, des tribunaux, des forces de l’ordre…et de la population. La proscription du « H » a échoué, comme dans les années trente aux Etats-Unis, la prohibition de l’alcool aux Etats-Unis, pour les mêmes raisons et avec les mêmes conséquences. Bien loin d’être efficace, c’est-à-dire dissuasive, l’interdiction n’a fait qu’ajouter au plaisir promis par les propagandistes, les adeptes et les vendeurs du cannabis, l’attrait du fruit défendu. Nous sommes bien, sous ce rapport, les enfants d’Eve et d’Adam.

L’interdiction totale du cannabis était-elle dans son principe une erreur, de par son absolutisme même, et donc irréaliste, en tout cas disproportionnée ? On laissera, dans le modeste cadre de cette chronique, aux médecins, aux sociologues, aux psychiatres et aux historiens, le soin de discuter et de s’écharper sur la nocivité médicale, sociale, mentale ou morale des divers types de paradis artificiels. Deux faits sont en tout cas indiscutables, sauf à faire preuve de mauvaise foi ou d’aveuglement.

Premier constat : aux États-Unis, au temps des bootleggers, la "prohibition" indifférenciée de tous les types d’alcool a enfanté et nourri une pègre non seulement prospère mais tentaculaire, non seulement délinquante mais de plus en plus criminelle. En France, depuis cinquante ans, l’interdiction indifférenciée de tous les « stupéfiants » a pourri les cités, elle en a fait autant de petits Chicago, forteresses auxquelles on n’ose pas donner l’assaut de peur de déclencher une guerre sociale, elle a engorgé les tribunaux et les prisons.

Deuxième constat : si la loi est dans la pratique inappliquée, du moins aux usagers du « H », c’est tout simplement qu’elle est devenue inapplicable. Rien depuis un demi-siècle n’est venu atténuer la rigueur de textes dont le décalage avec la réalité n’a cessé de s’accentuer dans la mesure où le barrage qu’ils devaient opposer à la propagation de cette toxicomanie a été de plus en plus largement contourné voire submergé. Qui serait aujourd’hui assez déraisonnable pour exiger et même pour envisager que soient incarcérés, conformément à la loi, les dix-sept millions de Français qui ont un jour ou l’autre tâté du « H », le million et demi qui en sont consommateurs réguliers, et ses sept cent mille usagers quotidiens ?
Serait-il dans ces conditions devenu possible, et permis, d’aborder et de traiter ce problème de société avec sang-froid ?

Oui, il va de soi que le cannabis est nocif, comme peuvent l’être le tabac et l’alcool, et qu’il peut induire une torpeur, une déstabilisation, un asservissement, un abrutissement tout comme le tabac est une cause de cancer, tout comme l’alcool peur conduire à la cirrhose. Quel rapport entre ces trois substances ? Toutes les trois, chacune à sa manière, chacune avec se caractéristiques et ses séquelles, sont à ranger au nombre des dérivatifs et des allègements que tant d’êtres humains cherchent à la difficulté ou au mal de vivre. Cela dit, ne confondons pas l’amateur de bons vins ou le fumeur occasionnel avec l’alcoolique chronique, le fumeur de bons cigares avec l’intoxiqué à la nicotine. Le cannabis est à la cocaïne ou à l’héroïne ce que sont la bière ou le vin au gin ou à la vodka. Il ne conduit pas à la totale dépendance, à l’abjecte déchéance, à l’overdose et à la mort comme les drogues « dures ».

La question ne serait-elle pas finalement de savoir jusqu’à quel point la société a le droit et le devoir de s’immiscer dans des comportements privés, et si elle est habilitée à le faire dès lors que ceux-ci ne relèvent que du droit fondamental et inaliénable que chacun a de disposer de sa vie sans nuire à celle des autres ?
Pourquoi le tabac a-t-il été, à juste titre, progressivement proscrit des lieux publics ? Parce que, outre la gêne et le désagrément que les fumeurs faisaient subir aux non-fumeurs, ils ne nuisaient pas seulement à leur propre santé, mais celle des autres. Pourquoi l’obligation de sobriété a-t-elle été progressivement imposée, à bon escient, aux automobilistes ? Parce que l’alcool au volant est meurtrier, et pas seulement pour le conducteur. Pourquoi le cannabis, comme l’alcool et le tabac, doivent-ils être et demeurer interdits aux mineurs ? Parce que ceux-ci, à juste raison dans la généralité des cas, sont réputés ne pas avoir le discernement dont les adultes sont supposés, parfois à tort, être capables. Pourquoi la vente et la consommation d’alcool, de tabac et de cannabis doivent-elles être surveillées, encadrées, réglementées ? Parce qu’au-delà des risques individuels que font courir ces trois substances, elles peuvent être dans telle ou telle configuration de véritables fléaux sociaux. De là à les interdire…

Revenons à nos rapporteurs parlementaires. Dans un souci de réalisme, ils suggèrent de frapper les consommateurs de « H » de simples amendes, de « contraventions », plutôt que d’engager contre eux, en théorie de longues et lourdes procédures judiciaires. Un premier pas vers la dépénalisation, à long terme inéluctable, du cannabis. La moitié de la planète n’a jamais interdit les drogues « douces ». Sous nos yeux, en fonction de l’échec général des législations répressives, la légalisation du cannabis est en marche dans les pays « occidentaux » (Espagne, Uruguay, Pays-Bas, États-Unis, Colombie, etc.) sans qu’en augmente la consommation, et aux dépens du crime organisé.

La France est-elle en voie, sur ce point comme sur d’autres, de devenir ou de redevenir le pays du bon sens et de la lucidité ? En d’autres termes, sur ce point comme sur d’autres, sommes-nous capables, bien qu’adultes, de regarder la réalité en face, comme l’enfant du conte d’Andersen ? L’heure approche peut-être où, après des années de controverses, de dramatisation, de mythification et de réarmement moral, on désamorcera la bombe « H ».

P.S. Précision utile, et même probablement nécessaire : l’auteur de ces lignes n’est et n’a jamais été consommateur de haschich.

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