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LA RESISTIBLE ASCENSION DE LAURENT W.


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Chronique de Dominique Jamet...

« Tom Pillibi n’a qu’un défaut/Le mal n’est pas bien grave/Tom Pillibi n’a qu’un défaut/Le mal n’est pas bien gros/ Il est charmant, il a bon cœur/Il est plein de vaillance/Il est charmant, il a bon cœur/Mais il est si menteur/Que rien n’existe de ce qu’il dit/Sacré Tom Pillibi… » C’est avec cette chanson que Jacqueline Boyer, au début des années soixante du siècle passé, époque bizarre et révolue où les chanteurs français chantaient encore dans notre langue, avait remporté le concours international de l’Eurovision. Caprice de la mémoire et de l’actualité, les paroles de cette rengaine aussi charmante que désuète sont entrées chez moi sans frapper en cette fin de semaine et depuis deux jours elles me trottent dans la tête sans que je parvienne à les en chasser.

Eh oui, Laurent Wauquiez a (au moins) un défaut, et le mal est très grave, Laurent Wauquiez a (au moins) un défaut, et le mal est très gros. Voilà un garçon qui, à première vue, celle qui nous trompe si souvent, a tout pour plaire. Il est avenant, il est élégant, bien fait de sa personne, il est intelligent, il est cultivé, et même bardé de diplômes, il est jeune, ce qui ne gâte rien, mais il est si menteur qu’il ne pense rien de ce qu’il dit. Sacré Laurent Wauquiez…

Et ce défaut, ou pour mieux dire cette tare, incompatible avec l’image qu’il tentait de donner de lui-même, avec les ambitions qu’il affichait, avec ce que nous sommes en droit d’exiger d’un homme qui prétendait désormais incarner l’opposition et proposer une alternative lors de la prochaine élections présidentielle, ce n’est ni un adversaire ni un malveillant ou un médisant, ni un de ces horribles journalistes d’investigation qui vont chercher des poux dans la crinière des lions de notre zoo politique, ni même une Pasionaria féministe qui en a apporté la révélation. Aucune enquête, aucune pression, aucune contrainte n’a amené le président de la région Rhône-Alpes à se mettre à table et à manger le morceau.

Inconscience ? Forfanterie ? Arrogance ? Euphorie ? Imprudence, en tout cas, et peut-être fatale. C’est, comme on sait, à une vingtaine d’étudiants d’une école de commerce lyonnaise auxquels il était censé donner un cours « apolitique », que le tout récent président du parti « Les Républicains » a réservé l’aveu sans fard du cynisme et de la duplicité qui sont le vademecum de son parcours politique. « Il y a », a-t-il déclaré à ces jeunes gens après leur avoir demandé d’éteindre leurs téléphones portables et de garder pour eux ce qu’il allait leur dire, « il y a les bullshits médiatiques » (sic) que l’on débagoule sur un plateau de télévision à l’usage de la presse et des gogos – justice, convictions, humanisme, gaullisme et autres coquecigrues – et il y a les réalités – cuisine, combines, magouilles et enfumage. Il y a ce que l’on pense, et il y a ce que l’on dit, et l’un n’a rien à voir avec l’autre.
Passons sur les accusations aussi graves que non étayées que M. Wauquiez a proférées contre Emmanuel Macron, sur l’évaluation disproportionnée qu’il a faite de l’affaire Darmanin, en cours d’instruction : « Cahuzac puissance dix », et sur l’attaque à laquelle il s’est livré contre Nicolas Sarkozy, pour la démentir piteusement aussitôt divulguée. Passons sur l’incroyable naïveté d’un homme politique pourtant déjà chevronné qui semble avoir ignoré que de tout temps la meilleure manière de garder un secret n’est pas de le confier à vingt personnes et avoir oublié qu’au XXIe siècle les mots ne s’envolent plus parce qu’ils sont aussitôt enregistrés et authentifiés. Passons sur les motivations de celui (ou celle) qui a donné ou vendu la mèche. Tout cela relève de l’anecdote. Venons-en à l’essentiel.

Alors que des millions de Français tiennent les professionnels de la politique pour des menteurs, des profiteurs et des imposteurs, que le discrédit des élus alimente l’abstention, fait le lit des extrêmes et déconsidère la démocratie, les propos de Laurent Wauquiez ne peuvent qu’apporter de l’eau sale à tous les moulins de l’incivisme. Mais ces propos jugent aussi un homme. Ce n’est pas seulement à toute la classe politique, c’est à lui-même que M. Wauquiez vient de porter un coup meurtrier. Serait-il né sous le signe du Scorpion ? En confirmant d’une manière éclatante les critiques de ceux qui dénonçaient depuis longtemps son manque absolu de convictions et de sincérité, le président des Républicains s’est avéré le plus proche et le pire ennemi du président des Républicains.

Le succès lui est-il monté à la tête ? Brillamment élu à la direction d’un parti certes amoindri et fracturé mais encore relativement puissant, Laurent Wauquiez était en passe d’y installer son leadership. Une émission politique réussie, la hausse spectaculaire de sa cote de popularité lui permettaient de se poser en chef et porte-parole du premier parti d’opposition, certes amoindri et fracturé par rapport aux heures glorieuses de sa suprématie, mais encore relativement puissant, et dont les membres désiraient par-dessus tout mettre un terme aux querelles de personnes et de ligne qui les avaient divisés. L’hémorragie des personnalités et des militants semblait suturée, la contestation interne structurée mais jugulée. Que va-t-il rester de tout cela ? L’une et l’autre ne vont-elles pas reprendre et s’aggraver ?
Les tenants d’une ligne modérée sont-ils encore en mesure de renverser un président qui vient à peine d’entrer en fonction ? Nicolas Sarkozy dont l’influence et les moyens d’action ne sont pas à sous-estimer, fera-t-il pencher le fléau de la balance en défaveur de l’ingrat qui lui doit tant et lui a si peu rendu ? La tentation qui grandit chez certains de rejoindre à l’occasion des élections européennes le grand groupe central dont rêvent Alain Juppé, Xavier Bertrand, Christian Estrosi et, un jour sur deux, Valérie Pécresse, se concrétisera-t-elle ? Par réaction, et pour garder le soutien et le contrôle du noyau dur qui l’a élu, Laurent Wauquiez, dont les discours pourraient déjà, pour l’essentiel, être signés par Marine Le Pen et contresignés par Nicolas Dupont-Aignan accentuera-t-il encore sa dérive et tombera-t-il finalement du côté où il penche, cèdera-t-il au pouvoir d’attraction du plus fort, rejoindra-t-il, leader discrédité d’un parti déboussolé, cette grande galaxie des droites qui s’esquisse autour d’un Front national renouvelé, pour y jouer le rôle d’un brillant second ? Au moins sommes-nous assurés que ce ne sont pas ses convictions qui y feraient obstacle.

Emmanuel Macron continue décidément de bénéficier d’une chance insolente.

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