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VADE RETRO MARINA ?


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Chronique Dominique JAMET...

Nous avons l’habitude de ces bâches publicitaires qui reproduisent l’image du bâtiment ou du monument en voie de restauration, de rénovation ou de transformation qu’elles ont pour double objet d’évoquer et de dissimuler pendant la durée des travaux. Le premier tour de l’élection présidentielle de 2022 a été et restera marqué par le coup de vent de force 10 qui a fait à la fois voler les voiles à l’abri desquels le Parti socialiste et le mouvement dit des Républicains étaient censés se perpétuer et s’écrouler les façades délabrées qu’ils prétendaient en plein ravalement depuis des années. Derrière les bâches qui les protégeaient des regards, il n’y avait plus rien.

Ce n’est pas à dire que la gauche et la droite, ces deux pôles naturels de la vie politique, aient sombré elles aussi mais seulement que c’en est fini de l’imposture qui voulait que celle-là continuât d’être incarnée par un P.S. qui n’avait plus de socialiste que le nom et celle-ci par des rigolos qui revendiquaient et déshonoraient jour après jour l’héritage du gaullisme.

Les commentateurs spécialisés annonçaient depuis quelque temps une recomposition de notre paysage politique. Celle-ci a pris la forme d’une reconfiguration. Autour du président sortant et sans même attendre sa rentrée s’est constituée et déjà rassemblée la majorité de demain. Qu’on l’appelle cercle de la raison, camp du Bien, parti de l’ordre, Emmanuel Macron a réuni autour de sa candidature le grand groupe central, politiquement incolore, inodore et insipide, économiquement libéral, fondamentalement europhile, fédéraliste, atlantiste et mondialiste dont Valéry Giscard d’Estaing avait rêvé, que François Mitterrand, sur le tard, avait presque incarné, que Chirac, Sarkozy, puis Hollande avaient échoué à regrouper derrière eux.

A la droite de l’omelette, pour reprendre l’image retenue en son temps par Alain Juppé, une droite nationale et populiste puissante, largement identifiée au R.N. A sa gauche, une gauche sociale, voire révolutionnaire, dont Jean-Luc Mélenchon est devenu le leader incontestable, écrasant au passage la concurrence de Verts bien pâles, de Roses bien fanés et de Rouges toujours marginalisés. L’autre grande et dangereuse nouveauté du 10 avril est évidemment l’apparition d’un vote communautaire cimenté par les avances démagogiques des Insoumis et les outrances provocatrices d’Eric Zemmour. Un pas de plus vers le passage du « côte à côte » au « face à face » tel que l’avait prédite Gérard Collomb.

A un point près, ce n’est pourtant pas l’éloquent tribun de la plèbe et du bled qui sera le 24 avril l’adversaire du « président des riches », mais Marine Le Pen, qualifiée pour la finale comme en 2017.

Marine Le Pen ? Mais peut-on encore désigner par son nom de baptême celle qui semblait pourtant être parvenue après dix ans d’un long et patient effort à se dédiaboliser ? Le reniement puis l’exclusion du père par la fille, le remplacement du Front par le Rassemblement, le constant lissage de son discours, sa renonciation au Frexit, à la sortie de l’Union européenne et de l’OTAN, sa marche puis son installation sur des positions qui ressemblaient comme deux gouttes d’eau à celles de feu le RPR au temps de feu Charles Pasqua et de feu Jacques Chirac avaient été autant de gages donnés à la réinsertion de l’héritière assagie dans le monde des civilisés. Les vives attaques d’Eric Zemmour – encore lui – les idées et les propositions défendues par le fondateur de Reconquête ! semblaient autant de certificats, d’embourgeoisement, de banalisation, de recentrage de Marine Le Pen. Les interviewers, c’est dire, étaient de plus en plus nombreux à lui adresser la parole comme à une personne normale, les sondeurs et les politologues à la considérer comme une femme fréquentable. La création et le succès annoncé d’une formation sans conteste plus radicale que le Rassemblement national démontraient qu’il pouvait y avoir, qu’il y avait plus à droite, plus extrême, plus dangereux que la maison Le Pen…

Patatras ! Il aura suffi que les électeurs accordent, fût-ce de justesse, la deuxième place à Marine Le Pen pour que celle-ci soit solennellement exclue par l’ensemble du clergé médiatique et politique de la communauté des fidèles. Les douze coups de minuit transforment dans le conte un carrosse en citrouille. A 20 heures 01, le 10 avril, Marine le Pen était redescendue aux enfers, odeur de soufre et exorcismes compris. Avec elle, les quelque 40% de citoyens français, militants, adhérents, sympathisants du R.N. ou non, que préoccupent, qu’inquiètent ou qu’exaspèrent le déclin de la France, le recul de notre influence, de notre puissance, de notre culture, le flux incontrôlé de l’immigration, l’échec de l’assimilation des nouveaux venus, la montée de la violence, la dégénérescence et la déliquescence de l’État étaient ravalés au statut de « salauds » ou, au mieux, d’imbéciles que leur assignait il y a trente ans un Bernard Tapie qui, sur le tard, avait nuancé son jugement.

Est-il possible que près de la moitié des Français, peut-être davantage, (nous verrons bien le 24 avril), aient été gagnés par le démon de l’extrémisme ? Est-il au contraire abusif de considérer comme extrémiste ce qui pourrait bien n’être que la réaction normale et saine d’un organisme à une attaque virale de grande ampleur ? Ceux, très nombreux, en particulier dans les médias et la classe politique, qui refusent les circonstances atténuantes aux électeurs qui ont voté ou qui vont voter pour Marine Le Pen, qui les injurient, qui les anathématisent, ne feraient-ils pas mieux de se demander s’il est vrai qu’en France, au début du XXIe siècle, moins de cent ans après la naissance, le triomphe, les crimes, la chute et l’excommunication du fascisme et du nazisme, ceux-ci trouvent encore des nostalgiques et des partisans ? De deux choses l’une : ou c’est une grossière caricature ou s’il y a là fût-ce un soupçon de vraisemblance, quelles erreurs, quels abandons, quelles lâchetés, quelles injustices, quelle incapacité, quelles responsabilités expliquent cette réaction ? Comment la République, comment l’idée républicaine ont-elles pu tomber si bas que près de la moitié de la population se rebelle contre ceux qui prétendent en être les représentants légitimes et les défenseurs intransigeants ?

Si, il y a cinquante ans, il y a eu en effet parmi les fondateurs d’un groupuscule appelé Front national une poignée d’anciens adeptes de Vichy et même une pincée d’anciens Waffen S.S., le Rassemblement national de 2022 a-t-il plus à voir avec ceux-ci que le Parti socialiste actuel avec Proudhon, Jules Guesde, Jean Jaurès et Léon Blum, ou Eric Woerth avec Jean Moulin ? En un demi-siècle d’existence, le parti fondé par Jean-Marie Le Pen, dirigé aujourd’hui par sa fille, a-t-il monté des complots, créé des milices, tenté des putschs, recouru à la violence, appelé à l’extermination de telle ou telle catégorie de Français ? A-t-il tenté une seule fois d’accéder au pouvoir par les armes plutôt que par les urnes ?

On peut ne pas partager, rejeter et même combattre sur le front des idées, arguments contre arguments et faits contre faits, le programme et les assertions de la candidate du Rassemblement national. Mais, de grâce, que l’on évite les grands mots et les grands mensonges. La République n’est pas plus mise en danger par le Rassemblement nationale qu’elle n’a été discréditée, affaiblie, salie par ceux qui prétendent aujourd’hui la défendre et n’osent pourtant plus parler de Front républicain. Au nom de quelle pureté, de quelle vertu, de quelle légitimité, de quels résultats, de quelle réussite, le Bloc élitiste, politique et médiatique rassemblé comme jamais par un intérêt qui lui est commun, fait-il barrage contre le Bloc populaire, autrement dit la montée et l’éventuelle coalition de la colère, du mépris et du rejet ? Pas un ancien président de la République, pas un ancien Premier ministre, pas un dignitaire, pas un notable ne manquent à l’appel en faveur d’Emmanuel Macron. Pourtant de quel avenir est porteur le président le plus arrogant, le moins aimé, le plus discutable, le plus incertain, le plus imprévisible de la Ve République ?
Le retour, à plus ou moins hautes doses, de la proportionnelle, la pratique, plus ou moins fréquente, du referendum d’initiative citoyenne, (comme sous Napoléon III, mais aussi comme en Suisse) sont également préconisés par Emmanuel Macron, Marine Le Pen… et Jean-Luc Mélenchon. Pourquoi, venant des uns, ces nouveautés seraient-elles justes et bonnes ? Pourquoi, venant d’une autre, seraient-elles dangereuses et néfastes ?

Quand en 2002, Jean-Marie Le Pen sortit des urnes, tel un diable de sa boîte comme il se doit, 80% des votants se dressèrent contre lui au deuxième tour. L’écart avec Jacques Chirac était de soixante points. En 2017, trente-trois points séparaient encore Emmanuel Macron de Marine Le Pen – 66% contre 33%. Le pronostic actuel oscille entre 57-43 et 51-49, soit entre quatorze points et deux points d’avantage au vainqueur. Et ceci en dépit de l’inexpérience assurée et de l’incompétence alléguée du challenger. Le sortant, lui, a pu faire la preuve de ses qualités et de ses défauts. A chacun de nous, à nous tous, d’en juger. Il semble d’ores et déjà acquis que l’outrance des attaques contre Marine Le Pen ne garantit pas sa victoire à M. Macron Il est même possible que cet excès même se révèle contre-productif. Quoi qu’il en soit, le fascisme ne passera pas, pour une excellente raison. Il ne figure pas parmi les candidats en lice.


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