SIGNE FOURNIRET
Lettre ouverte à Madame Chantal Arens, première présidente de la Cour de cassation
Chronique de Dominique JAMET...
« Madame la Présidente,
« C’est avec le plus vif intérêt que j’ai pris connaissance de l’arrêt rendu par la Cour de cassation concernant le meurtre perpétré par M. Kobili Traoré sur la personne de Mme Sarah Halimi. Dans sa grande sagesse, la haute juridiction que vous présidez a statué que l’absorption excessive et déraisonnable de cannabis par M. Traoré est à l’origine de la bouffée délirante qui, exacerbant son antisémitisme naturel, l’a conduit à assassiner Mme Halimi tout en abolissant temporairement son discernement. Dès lors que M. Traoré s’était mis dans le cas de ne plus répondre de ses actes, son irresponsabilité pénale était établie, l’affaire ne relevait plus de l’ordre judiciaire et, dans l’attente des soins qui lui sont vivement recommandés, il était dispensé de comparaître devant un tribunal pour s’expliquer sur les faits qui lui étaient reprochés. Votre Cour a dit le droit.
« Je demande pour ma part à bénéficier de la jurisprudence que les hauts magistrats qui la composent ont réaffirmée, et qui dispose que ceux qui sont déclarés définitivement fous ou en état de démence au moment des faits commis sont exemptés par la loi de toute condamnation et même de toute comparution devant les tribunaux. Je m’y sens d’autant plus autorisé que, contrairement à M. Traoré, il ne m’a jamais été nécessaire avant de passer à l’acte de recourir à la consommation de produits stupéfiants ou de boissons alcoolisées, circonstance habituellement considérée comme aggravante et qui ne saurait m’être imputée
« Parfaitement sain de corps et d’esprit, je suis apte à faire la distinction entre le bien et le mal, et j’accepte la qualification de crimes qui a été retenue contre moi en raison d’un certain nombre de meurtres aggravés dont j’ai été convaincu ou soupçonné d’être l’auteur. Je suis même entièrement disposé à passer des aveux complets et circonstanciés si la justice que vous représentez avec tant d’élévation et de dignité veut bien accéder la requête que je lui soumets par la présente.
« Si j’ai commis l’erreur, à plus de vingt reprises, d’ enlever, de séquestrer, de violer, de torturer, de tuer, de dépecer et d’enterrer autant de victimes innocentes, c’est que la perspective du plaisir que j’y prendrais et le plaisir que j’y prenais en effet abolissaient en moi toute autre considération, toute objection, toute barrière et tout remords. J’étais hors d’état de résister à des pulsions plus fortes que moi et à ce que je sais désormais constituer des « bouffées délirantes » qui font que des actes qui tombent normalement sous le coup de la loi relèvent d’un autre domaine où la loi n’a rien à faire. Mais sachez que je n’y étais personnellement pour rien.
« J’ajouterais volontiers que la peine à laquelle j’ai été condamné – réclusion criminelle à perpétuité incompressible – me semble dégradante et littéralement inhumaine, mais je n’entrerai pas dans ce débat. Assuré, à la lumière de l’arrêt exemplaire que vient de rendre votre Cour dans l’affaire Halimi-Traoré, de la suite favorable que vous ne manquerez pas de donner à ma lettre et donc de ma prochaine hospitalisation dans des conditions enfin décentes, je vous prie, Madame la présidente, d’accepter, avec mes remerciements anticipés, l’assurance de ma parfaite considération. »
Michel Fourniret
(P.c.c. Dominique Jamet)
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